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L’homme au masque d’argent était fin politique, quoiqu’il se gardât d’en faire trop étalage. Il n’empêche, en ces affaires qui agitaient le royaume depuis tant d’années, il sentait la lassitude qui gagnait les deux camps. Dès lors, il semblait certain qu’on allait se hâter d’en finir, presser de part et d’autre les troupes épuisées et aboutir enfin à l’écrasement total et définitif d’une des deux factions.

Après cela…

Il sourit. Il comptait de la famille et des amis puissants parmi les partisans du roi comme chez les Frondeurs et ne redoutait rien, quel que fût le vainqueur.

Ses craintes venaient d’ailleurs, d’un domaine qui relevait de la passion et l’homme savait qu’il ne pouvait dominer celle-ci. Pourtant, il s’y était essayé, non sans succès, pendant ces trois dernières années.

Il s’étonnait de cette maîtrise qui lui permit alors de ne plus s’abandonner aux délices du crime, se convainquant de l’horreur de tous ces jolis corps possédés puis écorchés vifs.

Il priait plusieurs fois par jour et, sans y voir contradiction, s’étourdissait de femmes. Courtisanes ou dames de la Cour, servantes ou Frondeuses effrontées, elles se succédaient en son lit et bien qu’il prît grand plaisir à les humilier, au moins ne pouvaient-elles y voir matière criminelle quand, pour sa part, il trouvait ainsi légère compensation à ce manque définitif : tuer.

Tuer à petit feu, tuer en lacérant la peau blanche au stylet, tuer en se laissant bercer par les hurlements des victimes, tuer en mutilant ce qu’il admirait peu auparavant, tuer pour rendre hideuse la beauté.

Tuer pour exister, peut-être.

Mais il n’y voulut point penser pendant cette période de lutte avec le diable, ces trois années d’abstinence si pénibles et dont il ne lui serait point tenu compte au jour du jugement dernier.

Alors à quoi bon ?

Pourquoi avoir rappelé ses rabatteurs, récupéré et détruit les portraits de la belle inconnue afin de ne point être tenté de succomber à l’envie ?

Pourquoi s’être interdit de contempler la statuette où la merveilleuse femme brune lui coupait le sexe à l’aide de ciseaux d’argent ?

Lucide, il n’ignorait pas la véritable raison qui le poussait à renouer avec les horreurs passées.

Non point tant l’idée de la damnation, car il savait n’y pouvoir échapper, deviendrait-il un saint… d’ailleurs la chose, des plus impossibles, le fit sourire.

Ce qui l’affolait, le poussait vers le mal absolu, tenait à son pronostic politique : la fin de la guerre civile. Louis XIV, vainqueur, imposerait l’ordre et le prince de Condé, s’il l’emportait, n’agirait point autrement. C’en serait terminé des troubles et de ce qui leur fait toujours escorte : viols, crimes impunis, violences multiples non réprimées. On installerait en tout le royaume des gens de police, on ferait partout des exemples, on en reviendrait à la vertu et à la religion. Le voilà bien, l’ordre, quand le désordre politique où les foules s’exaspèrent est prétexte à fêtes incessantes, luxure, débordements. Ce monde libre – dont il savait profiter abusivement – disparaîtrait. Des ténèbres aux lueurs grises succéderaient aux nuits de folie traversées des stries rouges du désir enfin assouvi.

L’Écorcheur ne pouvait supporter l’idée du retour à la normale.

Tout ce qui faisait sa vie lui échapperait alors sans espoir de retour. Le voudrait-il pourtant, souhaiterait-il à toute force posséder un de ces jolis corps de femmes pour lui ôter finement la peau qu’il ne le pourrait plus ou s’exposerait à être rapidement démasqué.

Il rit, un peu faussement, derrière son masque d’argent.

— Démasqué, voilà bien le mot !

Le luxueuse voiture à chevaux cahotait sur une mauvaise route et l’Écorcheur resta songeur. Dix minutes plus tôt, de peur que le carrosse ne versât en une profonde ornière, le marquis Jehan d’Almaric l’avait prié de descendre et de suivre à pied où il se salit fort, se crottant de boue jusqu’au bas des cuisses.

Ces voyages pour arriver au lieu du « sacrifice » le fatiguaient. Trop loin, beaucoup trop loin !

Ne devrait-il pas plutôt chercher accueillante petite chaumière, tout à fait isolée, et proche de la capitale ? Et pourquoi pas le charmant petit village d’Auteuil, à une lieue de Paris ?

L’homme au masque d’argent jeta un regard las au paysage triste et brumeux.

Tout cela l’épuisait. La vie elle-même ne l’intéressait plus guère. La veille, à cheval, il avait parcouru les rues de Paris, ville qu’il aimait entre toutes pour sa grande variété. Les tanneurs le long de la Bièvre, la rue Saint-Jacques et ses librairies, les quartiers pauvres de Maubert et du Faubourg Saint-Marcel, le quartier du Louvre qui semble un des plus vieux de Paris, les rues si étroites qu’en certaines on se peut tendre la main d’une maison à l’autre. Paris et la puanteur des ordures jetées par les fenêtres en les quartiers où ne fonctionne point le service de « l’enlèvement des boues ». Paris et ses mille huit cents cabarets, auberges, tavernes et bouchons. Ses théâtres populaires où se donne la pantomime, où l’on fait grande place à la surprise, à la satire, au merveilleux et à la fantaisie avec le concours de jeunes comédiennes belles et capricieuses, comme celle qui habitait rue Saint-Landry et qu’il avait violée sans trop de conviction voici quelques mois… Sortait-on hors les murs qu’on trouvait jardins et champs de blés, ou encore les vignerons d’Ivry, les chants d’oiseaux troublant parfois le silence de la campagne. Quitter cette ville étonnante pour Saint-Germain, Fontainebleau ou cette petite chose ridicule et hideuse appelée Versailles, fallait-il que les gens de Cour fussent fols !

L’Écorcheur soupira derrière son masque d’argent.

Il se sentait brusquement très vieux. Sa vie brûlait comme la mèche d’une chandelle une nuit de veille et l’envie de freiner le cours des choses ne le prenait plus guère. Il se considérait, à juste titre, comme un des personnages les plus importants du royaume mais qu’était-il à ses propres yeux ? À peu près rien qui lui semblât respectable. Trop de luxe, trop de plaisirs. Ceux-ci se trouvaient usés, gâchés et relevaient de l’habitude. Les femmes, la grande cuisine, les meilleurs vins, la chasse, la guerre : il connaissait tout cela depuis si longtemps qu’il n’en attendait plus aucune satisfaction.

Mourir, peut-être. Souffler enfin, se reposer à jamais en un cercueil de plomb déposé en une fosse aux parois de marbre où l’attendaient sans impatience ses ancêtres momifiés… comme ils l’étaient déjà de leur vivant !

Il se sentait au cœur du problème pour la première fois de son existence. Lyrique, il songea qu’il possédait enfin la clé taillée en un rayon de lune qui ouvre la serrure de cristal du grand mystère de la vie et qui se résumait à cette question qu’il se posait sans cesse : « À quoi bon ? » Et sans doute cela signifiait-il que son temps humain s’achevait car formuler cette question, se la poser, voulait dire qu’il abandonnait l’idée de lutte qui est le ressort même de l’existence. Par cette brèche s’immiscerait sans doute la maladie qui triomphe et terrasse les corps dont l’âme cesse de lutter. Ainsi se passeraient les choses, et la mort, il le sentait, arrivait à grands pas.

Il sourit cruellement en s’imaginant cloué au lit, et le cortège des incompétents qui lui ferait escorte. Il se souvint des agonies auxquelles il avait assisté jadis, de Richelieu à Louis XIII et tant d’autres grands seigneurs. Par jeu, il déforma sa voix pour lui donner tour de pédanterie et, faisant appel à sa prodigieuse mémoire, imita le discours des médecins en la solitude de son carrosse :

— Monseigneur, ne craignez rien ! La saignée, dite phlébotomie, se fait avec une lancette pour tirer le sang corrompu ou superflu en dedans des veines. Nous y ajouterons la purge, avec clystère, pour arrêter l’obstruction en les boyaux et amollir la matière. Pour cela, nous emploierons de l’eau pure additionnée de lait, de son, d’herbes en décoction avec un peu de sucre rouge ainsi que miel. Mais comme il vous viendra de ce traitement grande lassitude, nous combattrons celle-ci avec bouillon de vipères. Voilà qui vous évitera hydropisie, qui donne gros ventre de vilaine allure. Vous irez peu ensuite à Forges, pour y prendre les eaux. Vous serez alors, monseigneur, en grand appétit de vivre !

L’Écorcheur resta un instant silencieux, le regard perdu vers le ciel gris où volaient quelques corbeaux, puis il ajouta d’un ton sec :

— En grand appétit de vivre… Ou bien je serai mort, ne fût-ce que pour échapper à la médiocrité de vos personnes !

Déjà, le carrosse ralentissait et les deux officiers d’escorte sautaient de cheval.

Il s’agissait d’une baronne de noblesse modeste et récente aperçue il ne savait plus en quel jardin. Montée sur une haquenée, un de ces petits chevaux plaisants qui va l’amble et sur lequel elle ne manquait point d’allure, elle avait ébauché un bien charmant sourire en croisant un personnage de si haute importance dont le regard insistant et prometteur flatta son orgueil et la rassura, bien qu’elle se sût belle depuis toujours.

Cependant, elle signait ainsi son arrêt de mort, étant promptement enlevée deux jours plus tard. Au reste, l’affaire fut délicate, la jolie baronne se trouvant assez gardée puisqu’on la disait maîtresse du comte d’Harcourt qu’elle trompait – mais ce n’était point le premier Harcourt qui fut cocu !

Lorsqu’elle se trouva nue devant l’homme au masque d’argent, tandis que le vérolé et la borgne la tenaient chacun au poignet, son attitude surprit Jehan d’Almaric qui attendait, légèrement en retrait, en son habit qui le faisait faussement passer pour cocher.

La jolie baronne sourit à l’Écorcheur, sans marquer la moindre frayeur. En l’esprit de la jeune femme, qu’occupait pour grande place la cupidité, son enlèvement perdait tout caractère tragique en découvrant celui qu’elle perçut comme son futur et « très doux tourmenteur ».

Un seigneur, un très puissant seigneur à n’en pas douter à la vue de son justaucorps de velours noir à boutons d’or, de la perruque de très grand prix, des diamants, émeraudes et rubis qui ornaient ses doigts ainsi que de ce masque en argent massif.

Elle savait qu’il la prendrait. Ne lui avait-on point ôté sa belle robe volumineuse et sans vertugadin ?

Les événements, inquiétants voici peu, s’éclairaient d’un autre jour. Ce riche seigneur, envoyant pour l’enlever toute une canaille de bateliers, charretiers et portefaix, ne voulait que posséder son corps qu’on disait magnifique. Si elle savait se montrer habile, ce dont elle ne doutait point, elle parviendrait, par ses caresses, à se l’attacher pour en tirer les meilleurs profits.

Libérée de l’étreinte de ses geôliers décontenancés, elle se tourna, nue, pour montrer sa beauté sous un autre aspect.

Derrière son masque d’argent, l’homme fatigué fut étonné d’une telle attitude qui rompait avec celles de ses anciennes victimes.

Il fut cependant plus surpris encore lorsque la jeune femme s’agenouilla devant lui pour lui donner plaisir rapide.

Lorsqu’elle se releva, essuyant ses lèvres d’une main délicate, l’Écorcheur l’observa longuement en frottant ses doigts comme une mouche fait de ses pattes :

— Vous m’avez donné bien du bonheur, madame, toutes n’ont point votre complaisance !… Cependant, en me plaçant en cette disposition, considérez que je vais avec vous en prendre davantage encore.

Il tendit la main.

Jehan d’Almaric y plaça aussitôt un stylet. L’Écorcheur le saisit et toisa la baronne puis, d’une voix sèche au débit saccadé :

— Puisque tu ne l’as point fait encore, chienne, voici venu l’instant de hurler ton désir de vivre !

Le marquis Jehan d’Almaric demeurait perplexe.

Après trois années d’abstinence, son puissant maître changeait ses habitudes. Ainsi la tête de sa victime se trouvait épargnée, sans la moindre blessure, une expression de terreur absolue marquant ses traits.

Le marquis jeta un regard rapide à cette tête décollée du corps et posée en un joli panier d’osier. En revanche, il évita le cadavre écorché, semblable à ces serpents ou à ces lapins dont on retourne la peau.

Seul dans la pièce avec l’homme qui avait ôté son masque d’argent, le marquis le trouva vieilli.

Assis sous le manteau de la cheminée tel un paysan, le très haut seigneur, indifférent à l’horrible cadavre tout proche, lampait un plat pauvre de campagne, une soupe au pain mitonnée en du jus de viande, mordant parfois en une fougasse cuite sous la cendre, toutes choses que la femme borgne destinait à son repas mais fut flattée d’offrir à « monseigneur » dès que celui-ci, sa sinistre besogne achevée, manifesta quelque appétit.

Jehan d’Almaric demeura fasciné, ne pouvant s’imaginer qu’il s’agissait là d’un homme de si haut lignage. L’inquiétude le gagnait tandis qu’il pensait : « Est-ce là celui que je sers ? Est-ce le cruel et puissant chef qui pourrait gouverner le royaume si quelques décès bienvenus lui offraient cette chance ? Mais qu’est-ce donc, ce paysan sans manières qui lampe sa soupe comme un porc, le dos arrondi ? S’il n’était une des plus grandes fortunes du royaume, que sa cupidité alimente ainsi que les ruisseaux le font d’une rivière, je ne resterais point ! »

L’Écorcheur grogna :

— Trop près de la cheminée, voilà que c’est brûlant. S’en éloigne-t-on, on gèle !

Le marquis s’approcha.

— Il fait froid comme en décembre, monseigneur. Et il va neiger de nouveau.

— Je sais, mon âme est glacée.

— Je pensais au corps, monseigneur.

— D’Almaric, séparez-vous le corps en tant qu’il est la vie même de l’âme que l’on entend comme lieu des sentiments ?

— Je ne les sépare point, monseigneur. Le problème est plutôt de savoir comment ils sont en dépendance l’un de l’autre, et en quel ordre.

— La question est intéressante mais moins que cette autre : où vont nos pauvres âmes quand la mort vient ?

— Elles sont immortelles, monseigneur.

L’Écorcheur secoua la tête en riant.

— C’est plaisant que vous soyez en telle certitude, voilà qui me réconforte, marquis. Et d’où le tenez-vous ?

— Mais de Platon, Monseigneur.

L’Écorcheur demeura longtemps songeur.

Au bout d’un moment, d’Almaric toussota avec politesse et demanda :

— Que fera-t-on du corps, cette fois ?

— Nous rapportons cette jolie tête, que je la puisse conserver en liquide bienfaisant et la contempler avant que de m’endormir, car ainsi en sera-t-il à présent. Quant au corps, faites-le déposer aux marches d’une église. Que cette charmante et amusante baronne, qui m’a donné bien du plaisir, ne soit pas sans le secours de la religion même si vous m’avez garanti la survie de l’âme.

— Doit-on brûler le cadavre ?

— Non point, marquis. Un corps sans tête et écorché n’a plus de nom et n’en trouvera jamais.

— Mais…

— Une charogne. On l’enterrera après que monsieur de Galand, s’étant donné l’air important, aura renoncé à savoir qui elle était. Ne vous inquiétez point, marquis, mon jugement est habile quand ma tranquillité en dépend.

L’Écorcheur soupira et ajouta :

— Ceux qui, au vu de mes nouvelles dispositions, ne me sont plus utiles, n’ont pas à traîner sur cette terre désolée une existence qui pourrait représenter un danger, fût-il très lointain. Marquis, me suis-je bien fait comprendre ?

— Monseigneur, toutes choses seront exécutées en ce sens et selon votre désir.

— Et qu’on me retrouve enfin cette femme que vous savez !

— Je ferai activer les recherches, Monseigneur.

— Nous rentrons, d’Almaric !

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